SEX AND DRUG AND ROCK N’ROLL
Quand Onc Jo sort de sa pré-retraite pour aller se torcher au Saint des Seins, il ne se contente pas de crayonner les dessous de verre, il devient le chroniqueur du lieu, l’observateur avisé des comportements de chacun, le psychologue des buveurs d’apéro.
Qui est donc Onc Jo ?
Nul ne le sait précisément.
Certains prétendent qu’il était roadie des Who, et que Pete Townsend l’a viré parce qu’il lui tirait toutes ses groupies..
D’autres qu’il s’agit d’un ancien haut- fonctionnaire qui aurait été remercié suite à une sombre histoire de détournement de mineure…
La seule chose incontestable c’est son goût immodéré pour le whisky- coca, les gauloises rouges et les chaussures bateau.
Son éternelle casquette vissée sur le crâne, il épie les allers et venue des serveurs, écoute les conversations de ses voisins de tables, espionne les barmen qui picolent en cachette derrière le bar, enquête sur les mœurs des propriétaires.
En quatre mois, il a réuni suffisamment d’éléments accablant pour exercer un chantage sur chaque salarié et s’assurer une retraite confortable.
Mais Onc Jo n’est pas un délateur. Il n’écrira pas à l’Inspection du Travail, il ne téléphonera pas à la brigade des mineurs ou à la répression des fraudes.
Il a soif. Alors,il déballe tout dans ses chroniques et il se fait payer des coups. Des whisky- coca.
Dans ses histoires, il met en scène des personnages tout droit sorti de son imagination, sans relation avec des personnes existantes.
Il y a Pedro, le barman resté bloqué sur la musique des sixties, conformiste, parano et suspicieux.
Et puis il y a Ramon et son drôle d’accent, petit brun au sang chaud, toujours prompt à s’énerver, champion de baby-foot de la place Saint Pierre.
Nico, le stoïque, roi de la banane gominé, la conscience de l’équipe, celui qu’on remarque quand il n’est pas là.
Gab, le Duke, le Dj le plus cool de Midi-Pyrénées. Un jour, il partira à San Francisco, c’est sur. Pour le moment, son principal souci c’est de savoir s’il mangera des chips ce soir.
Son pote, Bastien, qui a poussé le mimétisme avec Jim Morrison jusqu’à être aussi pale que lui.
Mike, le hardeur, victime d’un accident de travail au cours d’une scène hot où un poil de chatte lui est resté collé sur la langue. Reclassé Cotorep.
Jeremy qui ,après enquête, a encore ses parents. Il devra s’expliquer avec la DDASS la CAF.
Dam, qui est passé directement d’enfant de chœur à Saint- Pierre des Cuisines à serveur au Saint. Nourri aux hosties et au vin de messe.
Robert et Marcel, les cerbères. Un jour j’ai vu Robert penché sur l’urinoir. De dos, je l’ai pris pour Alain Bernard en train de passer un test anti-dopage. C’est dire comme il est fort. Son pote, Maciste, il est pas mal gaulé aussi, surtout avec son short au dessus du genou.
Et puis, il y a Cruella. Comme les enfants de la Lune
Tout ça, sur fond de rock n’roll sixties, de blues vaudou, de guitares psychédéliques dans un Toulouse de plus en plus californien.
Onc Jo en profite pour ramener sa science et citer ses références au rock n’roll.
Le rock, c’est sa passion, avec le foot et le whisky- coca.
Marqué par son passé anarchiste anti-clérical, il se lâche sur le dos d’un pauvre moine qui ne lui a rien fait, qui se fait martyriser par des rugbymen à la solde du basque….
Frissons garantis….
